Les Plaideurs, ballet, de F. WOLFF

 

C'était il y a environ cinquante ans...

Le Conservatoire Municipal de Musique de Grenoble, où je venais d'enter comme professeur de piano et de solfège devenait National sous la direction d'Eric Paul Stekel.

Celui-ci, qui connaissait mes titres de 1er Prix d'Ecriture Musicale (Fugue), de 1er Prix d'Orgue et Improvisation du CNSM de Paris, fit changer ma nomination et je devins professeur en ces matières.

En même temps, E.P. Stekel m'encouragea à reprendre la composition, que j'avais un peu délaissée, en m'orientant vers l'orchestre, pour lequel j'écrivis ma Symphonie Concertante "Jonas" avec l'orchestre à Cordes. La 1ère fut jouée deux fois, une fois avec l'orchestre d'E.P. Stekel ("c'est une belle oeuvre" me dit-il une fois en aparté à l'une des répétitions). La 2ème fut avec l'orchestre de Marc Tardue par lequel elle fut jouée deux fois.

Me souvenant de mon séjour dans la classe de composition de Paul DUKAS (au CNSM de Paris), qui voulait réformer le Prix de Rome en donnant comme sujet aux concurrents une ouverture et quelques scènes d'une pièce de théâtre classique, je songeais à m'amuser un peu en traitant une comédie plutôt qu'une tragédie ou un drame (nous sortions de la 2ème guerre mondiale, avec ses conséquences).

Ainsi, je me tournai vers Les Plaideurs de Racine, pour lesquels me vinrent en même temps la musique de l'Ouverture (jouée deux fois avec l'orchestre d'E.P. Stekel, dirigée par moi-même) et celle du monologue de Petit Jean qui ne fut pas alors exécutée, car elle était un peu en dehors de l'esthétique de mon directeur et ami E.P. Stekel.

D'autres idées me vinrent au fil des années et formèrent un ensemble de musique de ballet qui, à mon avis, résument assez bien la pièce et la rendent reconnaissable. Telles sont les sept parties de l’œuvre :

 

1) L’Ouverture : Prélude et Fugue sur l’octave fausse Do – Do dièze « Dans les arcanes d’un Palais de Justice » Criailleries de toutes sortes, poursuites, matraquages, etc…

 

2) Le Monologue de petit Jean (1ère scène), le portier du juge Dandin évoque sa vie de forçat au service d’un maître qui ne rêve que d’une chose : aller juger au tribunal.

 

3) La fin de la scène (n°8 de l’acte I), où le bourgeois Chicanneau et la Comtesse de Pimbesche, après s’être fait tous les compliments et mamours possibles, s’injurient à qui mieux mieux et réclament, l’un un sergent, l’autre un huissier. La conclusion de cette scène, finie par Petit-Jean : « Ma foi, juge et plaideurs, il faudrait tout lier », est reprise par le chœur qui mêle à cette sentence, par moments, les mots : « un sergent, un sergent » , « un huissier, un huissier ».

 

4) Un Interlude purement orchestral, évoquant, comme l’ouverture, mais de façon différente, des poursuites, à l’air libre cette fois, après un ou plusieurs malfaiteurs qui sont arrêtés à la fin. Je ne donne pas d’indications précises : chacun y verra ce que la musique lui suggère.

 

5) La scène d’amour « en présence du père », selon le mot de l’Intimé (acte II, scène VI). Devant Chicanneau, arrêté par le faux commissaire Léandre, pour injures au faux huissier l’Intimé, Isabelle et Léandre se disent toutes sortes de paroles à double sens, et obtiennent la signature de leur contrat de mariage par Chicanneau, le père de Léandre. A la fin, cependant, Chicanneau est retenu prisonnier par le soi-disant commissaire Léandre qui lui dit « Marchez de par le Roy », ce qui permet au chœur de chanter un couplet goguenard : « Vous, Monsieur, marchez, marchez de par le Roy ».

 

6) Les deux scènes entières (13 et 14 de l’acte II) où les familiers du juge Dandin arrêtent le petit chien Citron, qui vient de « manger un chapon », pour procurer au juge une affaire à plaider en famille. J’ai conclu cet épisode par une farandole instrumentale.

 

7) La fin de la dernière scène (n°4 de l’acte III), où le mariage des deux amoureurx est enfin conclu et le chien Citron relaxé. La conclusion : « Allons  nous délasser à voir d’autres procès » est reprise par le chœur qui achève l’œuvre dans une fugue brillante, mettant en valeur cette fois, l’octave juste ! (et même les quintes !).

 

 

Il me rest[e] [toujours] à trouver un interprète, chef d’orchestre, de chœur, de ballet, et metteur en scène tout à la fois.

 

F.W.

 

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